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Essai

fait entrer en même tems une grande abondance de métaux ; & c’est confondre l’effet nécessaire avec la cause, que d’attribuer le bas intérêt à l’abondance de l’argent. La variété des manufactures, & l’activité des marchands, attirent l’argent dans un état, de quelque lieu où il puisse être ; cet argent amassé entre les mains de quelques personnes, qui ne sont pas propriétaires de terres, fait aussi-tôt après baisser l’intérêt. Mais quoique l’abondance de l’argent & le bas intérêt soient la suite naturelle du commerce & de l’industrie, ils sont cependant entiérement indépendans l’un de l’autre. Je suppose, en effet, qu’il existe dans la mer Pacifique, & à une grande distance de l’Angleterre, un peuple sans navigation & sans commerce étranger, possédant toujours la même quantité d’especes d’or & d’argent, mais dont la population & l’industrie s’accroissent continuellement ; je soutiens que la valeur des denrées & des marchandises doit diminuer progressivement dans cette nation, parce qu’elle ne peut être établie que sur la proportion de leur quantité avec celle des