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sur l’intérêt de l’Argent.

pêcher de reconnoître que le taux de l’intérêt de l’argent est, si l’on peut s’exprimer ainsi, le vrai baromêtre d’un état ; que sa médiocrité est un signe presque infaillible de la prospérité d’une nation, & une espèce de démonstration des grands accroissemens de l’industrie, dont se ressentent toutes les classes du peuple. Il n’est cependant pas impossible que le taux de l’intérêt de l’argent baisse, par un événement malheureux & imprévu ; il peut arriver que la plus grande partie des négocians retirent subitement du commerce les fonds qui leur appartiennent, & qu’ils se trouvent possesseurs d’une grande quantité d’especes, qu’ils veulent mettre à l’abri des dangers du commerce. Mais alors la misere deviendra générale, le peuple sera entiérement privé d’occupations, & la pauvreté sera si grande dans toutes les parties de l’état, qu’il ne sera pas possible de se tromper sur la cause de ce malheur, & de ne la pas distinguer de la précédente.

Il n’est pas douteux que la même industrie qui fait baisser l’intérêt dans un état, y