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Essai

l’espace de moins de trois siecles, dix fois plus d’especes d’or & d’argent qu’elle n’en possédoit avant la découverte de cette partie du monde ; le commerce de l’Europe est cependant d’une tout autre étendue qu’il ne l’étoit dans le quinzieme siecle. L’esprit d’industrie s’est répandu de toute part, & comme le luxe n’est & ne peut être que relatif aux mœurs & aux coutumes des siecles précédens, on peut dire qu’il n’est inconnu chez aucun peuple de l’Europe. En effet, tous ses habitans, de quelque pays, de quelque état & de quelque condition qu’ils puissent être, jouissent de commodités & d’agrémens dont on n’avoit pas même l’idée il y a trois cents ans, & apportent dans leur façon de vivre, des délicatesses & des raffinemens qui semblent s’accroître avec le progrès du tems. La grande étendue du commerce, qui fait entrer chez tous les peuples de nouvelles quantités d’or & d’argent, ne se détruit donc pas par lui-même mais d’ailleurs il faut observer, 1°. qu’une grande partie de la quantité d’especes d’or & d’argent qu’attire le commerce dans un état,