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Essais

l’accuse, pourvu que ce soit quelque histoire secrette qui contienne des aventures remarquables & propres à piquer sa curiosité.

Mais comme je ne trouve point que la vérité, qui est le fondement de l’histoire, soit, en aucune façon, respectée dans ces anecdotes, je ne vois point non plus que la passion pour cette étude puisse être prouvée par le goût que l’on a pour ces sortes d’ouvrages. Quoiqu’il en soit, je ne conçois pas pourquoi cette même curiosité, qui porte les dames à s’instruire des aventures de leurs contemporains, ne pourroit pas, étant mieux dirigée, s’étendre aux personnes qui vivoient dans les siecles passés. Qu’importe à Cléore que Fulvie ait ou n’ait pas un commerce secret avec Philandre ; Ne s’amuseroit-elle pas autant en apprenant ce que quelques historiens nous font entendre d’une amourette clandestine entre César & la sœur de Caton, & comme quoi elle fit passer pour fils de son mari, Marcus Brutus, qui en effet étoit fils de son amant ? Ne trouveroit-on pas, dans les amours de Messaline & dans ceux de Julie, des sujets de conversa-