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Essais

flexion faite, je me suis senti disposé à placer une satyre vis à vis du panégyrique : & comme d’ordinaire on ajoute plutôt foi aux satyres qu’aux éloges, j’ai craint de faire par-là plus de tort que de bien à une aussi belle cause. J’aurois pu me servir de palliatifs, mais les dames sont trop équitable pour le prétendre : quelque attachement que je leur doive, je dois sacrifier leurs intérêts toutes les fois qu’ils sont en conflict avec ceux de la vérité.

Je m’en vais leur découvrir le grand sujet des plaintes que nous formons contre le mariage : si elles se trouvent d’humeur à le faire cesser, il fera facile de s’arranger pour le reste. Tranchons le mot, elles sont trop impérieuses. Je sais qu’elles me répondront que nous ne les trouvons telles, que parce que nous le sommes nous-mêmes ; que si nous ne nous arrogions pas sur elles un empire tout-à-fait déraisonnable, nous ne les taxerions pas tant de vouloir le prendre sur nous. Quoiqu’il en soit, de toutes les passions dont les esprits féminins sont agités, l’amour de dominer me paroît celle, qui a le