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Moraux et Politiques

crainte étoit l’unique appui de son autorité. En tant qu’homme la force corporelle se réduit à fort peu de chose ; sa puissance ne peut être fondée que sur l’opinion que nous en avons, ou sur celle que nous présumons qu’en ont les autres. Enfin, quelque loin que puisse aller l’affection des peuples pour un souverain sage & vertueux, si on ne le supposoit d’avance revêtu d’un caractere public, cette affection ne lui serviroit gueres, & l’estime que ses vertus inspirent, n’auroit que des influences très-bornées.

Un gouvernement peut subsister pendant plusieurs générations, quoique la balance ne soit pas égale entre le pouvoir & la propriété ; cela se voit principalement dans des états où un certain ordre de personnes, exclu du gouvernement par les loix fondamentales, possede de grandes richesses. Sous quel prétexte un individu de cet ordre prétendrai-t-il se mêler des affaires publiques ? Les citoyens affectionnés, comme ils le sont communément à leur ancienne constitution, favoriseroient-ils de pareilles usurpations ? Mais en échange, par-tout où les loix de