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Moraux et Politiques

paroît avoir été goûté par la plupart de nos auteurs qui ont écrit sur la politique. Il est vrai que c’étoit aller trop loin : cependant on ne sauroit disconvenir d’un autre côté, que l’opinion du droit de propriété n’ait une très-grande influence.

Il n’y a donc point de gouvernement, point d’autorité exercée par un petit nombre de personnes sur un grand nombre, qui ne soit fondée sur quelqu’une de ces trois opinions, celle de l’intérêt public, celle du droit de puissance, ou celle du droit de propriété. Ce n’est pas qu’il n’y ait d’autres principes propres à fortifier ceux-ci, de même qu’à déterminer, à limiter & à changer leurs opérations. Tels sont l’intérêt propre, la crainte & l’affection. Tout ce que je soutiens, c’est que ces derniers principes ne peuvent avoir aucun effet indépendamment des premiers, & que leur influence suppose toujours l’influence antérieure des opinions dont j’ai fait le dénombrement. On ne doit donc pas, à proprement parler, les appeller principes originaires mais principes secondaires du gouvernement.