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Moraux et Politiques

autre côté il seroit très-permis au parti de la cour de soutenir, & même avec quelque chaleur, un ministre dont il approuveroit la conduite. Je voudrois seulement qu’on n’en vînt point à des extrémités, qu’on ne s’abîmât point dans cette querelle, comme s’il s’agissait de défendre ses foyers & ses autels ; & que par la violence des factions on ne fît point servir à de mauvaises fins une constitution bonne en elle-même[1].

  1. On voit bien, de quel ministre il est ici question. Dans les éditions précédentes de ces Essais, l’auteur en avait tracé un portrait qui fait connaître ce qu’il en perçoit. Le voici.
    Caractere du chevalier Robert Walpole.
    Il n’y eût jamais d’homme dont le catactere & les actions aient été plus séverement examinées, & plus ouvertement discutées. Ce ministre, qui gouverne depuis tant d’années une Nation libre & savante, pourroit se faire une vaste bibliotheque de tout ce qui a été écrit pour & contre lui. On peut dire qu’il remplit plus de la moitié du papier que nous usons depuis vingt ans. Il seroit à souhaiter pour notre bonheur qu’il existât de lui un portrait assez judicieux & assez impartial, pour pouvoir se souvenir auprès de la postérité, & pour pouvoir apprendre aux siecles à venir ; qu’une fois au moins nous avons fait un bon usage de notre liberté. Je suis sûr de ne point pécher par partialité, mais je pourrois manquer de jugement. Mais enfin, supposé que cela fût,