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Moraux et Politiques

Elle ne peut être bonne qu’autant qu’elle remédie aux abus de ministere : si parvenue à sa vigueur, affermie par deux événemens les plus remarquables, la révolution & l’accession, & par le sacrifice que nous lui avons fait de l’ancienne famille de nos rois ; si, dis-je, avec tous ces avantages, elle ne fournit aucun remede contre le plus grand de tous les maux, nous devons de la reconnoissance au ministre, qui, en la renversant, nous donne occasion de mettre quelque chose de mieux à sa place.

Je puis me servir de la même réflexion pour modérer le zele des adhérans du ministre. Notre constitution est-elle une chose si excellente ? Je ne vois pas où est le grand danger qu’un changement de ministere peut lui faire courir. Il est de l’essence d’une bonne constitution de se conserver pure sous quelque ministere que ce soit, & de prévenir les, attentats & les injustices criantes de l’administration. Est-elle extrêmement mauvaise ? L’appréhension du changement de ministere est encore déraisonnable : il seroit aussi singulier d’en être jaloux, que de l’être de la