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Essais

Ce sont-là les réflexions de Machiavel. Elles me paroissent très-solides & très-concluantes : je souhaiterois qu’il ne les eût

    nophon nous raconte, Hist. Græc. lib. IV, qu’Agésilas, dans le dessein de marier la fille de son allié le roi Cotys à un Persan de condition, qui s’étoit réfugié chez lui, nommé Spithridates, eut d’abord soin de s’informer de la famille de Spithridates. Sur quoi Cotys lui répliqua, qu’elle étoit une des plus distinguées du royaume de Perse. Ariæus refusa la souveraineté qui lui fut offerte par Cléarque à la tête des dix mille Grecs, sous prétexte de sa basse extraction : il représenta que jamais tant de Persans de haute naissance ne souffriroient qu’il leur donnât des loix. Id. de Exped. lib. 2.

    Quelques familles descendues des sept Persans dont nous avons parlé, subsisterent durant tout le regne des successeurs d’Alexandre : sous celui d’Antiochus, nous voyons Mithridate, descendu de l’un d’entre eux Polyb. lib. V, cap. 43.

    Arrien nous apprend qu’Artabaze passoit pour un seigneur de premier rang en Perse, ἐν τοῖς πρῶτοις περβῖον. lib. III. Alexandre maria dans un seul jour quatre-vingt de ses officiers à autant de femmes Persanes, & il n’est pas douteux que son intention ne fût d’allier les Macédoniens avec les maisons les plus illustres de la Perse. Id. lib. VII. En effet elles étoient toutes de la premiere naissance. Diod. Sic. lib. XVII. Quoique le gouvernement de la Perse fût despotique, & conforme à plusieurs égards aux maximes orientales, ce despotisme n’excluoit pourtant pas la noblesse ; il n’alloit pas jusqu’à confondre les ordres & les rangs. La grandeur n’y étoit pas toute empruntée des charges & de la volonté du