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Moraux et Politiques

nes par la force des armes, il ne met plus de différence entre ses anciens & ses nouveaux sujets, il les traite tous sur le même pied, & en effet à l’exception d’un petit nombre de favoris qui approchent de sa personne, tout le reste lui est fort égal. Les loix de l’état les regardent donc tous indistinctement, & il ne se fera exception en faveur de personne. Le prince veillera à la sûreté commune, & ne souffrira point qu’aucun particulier ose opprimer l’autre. Dans les républiques, au contraire, il y a de grandes distinctions à tous ces égards ; cela doit être, & ce mal ne peut cesser que lorsque les hommes auront appris, & quand l’apprendront-ils ? à aimer leur prochain comme eux-mêmes. Ici tous les conquérans sont, en même-tems, des législateurs, & comptez qu’en travaillant pour le public, ils ne s’oublieront pas. Soit en gênant le commerce, soit en imposant des taxes, ils sauront fort bien, faire tourner à leur profit particulier les victoires qu’ils remportent pour la patrie. Dans, une république, les gouverneurs des provinces ont beau jeu ; la cabale, la subordination,