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Essais

on verra aisément combien, à tous égards ; elle perd dans la comparaison.

On peut tellement partager le pouvoir d’une république, qu’il en demeure une partie considérable entre les mains d’une seule personne, d’un duc, d’un prince, d’un roi, ou comme on voudra la nommer, ce pouvoir faisant le contre-poids de celui qui reste à la nation, le gouvernement sera tenu dans un juste équilibre. Cette premiere dignité de l’état peut être élective ou héréditaire ; ceux qui ne considerent les choses que superficiellement, se déclareront pour la forme élective ; mais un homme qui réfléchit, verra bientôt que cette forme est sujette à de grands inconvéniens, & que l’autre vaut mieux en toute façon : & l’on peut dire que c’est-là une vérité éternelle & immuable. Dans un gouvernement électif, la succession au trône est un objet de trop grande conséquence, pour ne pas diviser toute la nation. De-là, à chaque vacance on doit s’attendre à une guerre civile, le plus horrible de tous les fléaux. On ne peut élire pour chef qu’un étranger ou un concitoyen. Le premier ne