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Moraux et Politiques

on pourroit déjà prévoir & déterminer quels effets ils tendent à produire, & les suites qu’ils doivent avoir l’un & l’autre. Quelque différence que l’éducation & le tempérament puisse mettre entre les hommes, l’aristocratie Vénitienne sera toujours infiniment au-dessus de la Polonoise. Une noblesse, qui possede la souveraineté en commun, est intéressée à maintenir la paix & l’ordre, tant dans son propre corps que parmi ses sujets. Personne n’y est assez puissant pour oser enfreindre la barrière des loix ; les possessions sont toujours assurées aux propriétaires : la domination que les nobles exercent sur le peuple, ne peut jamais dégénérer en tyrannie. Un gouvernement tyrannique ne pourroit être avantageux qu’à quelques individus ; mais il seroit contraire aux intérêts de tous, & par conséquent il ne sauroit prévaloir. Il n’y a que deux corps dans la république, les nobles & le peuple, & ils ne sont distingués que par le rang ? ce qui ferme l’entrée à ces haines & à ces factions qui désolent les pays, & qui hâtent la chûte des états. Si l’on compare à cette constitution celle de la Pologne,