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violés. La seconde raison, & peut-être la meilleure des deux, est déduite de la constitution & de la forme du gouvernement Britannique.

C’est une singularité propre à notre constitution de conférer à un chef ou à un premier magistrat une dignité & des prérogatives, bornées à-la-vérité par les loix, mais qui cependant le mettent en quelque façon au-dessus des loix, du moins quant à sa personne, qui ne peut jamais être punie, ni même rendue responsable des injustices qu’il a commises, ou du mal qu’il a fait. Il n’y a que ses ministres ou ses commissionnaires qui puissent être traduits devant le tribunal. Ceci a son bien : le prince sachant que sa personne est en sûreté, rien ne le gêne dans l’exécution des loix : d’un autre côté la sécurité publique n’en souffre pas, tant que l’on peut s’en prendre aux coupables subalternes : & en même tems on évite les guerres civiles qui seroient inévitables, si chaque fois que l’on est mécontent de la conduite du souverain, on pouvoit s’attaquer directement à sa personne. Cepen-