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vemens, il est certain que lorsqu’un prince remarque dans ses sujets une disposition à la revolte, sa cruauté redouble : il prend alors des mesures violentes, & dont il ne se fût jamais avisé, s’il avoit cru commander à des peuples obéissans & soumis. C’est ainsi que la coutume d’assassiner les tyrans, si fort approuvée des anciens, au-lieu de les corriger, ne fait que les rendre plus féroces & plus sanguinaires ; & par cette raison est justement abolie par le droit des gens, & universellement condamnée comme une trahison, comme une action lâche, & comme un moyen très-peu propre à ramener ces perturbateurs de la société aux loix de la justice.

De plus, il faut considérer que l’obéissance étant un des devoirs les plus essentiels dans la vie commune, on ne sauroit assez l’inculquer & qu’il n’y a rien de plus inutile & de plus dangereux, que d’établir avec beaucoup de soin tous les cas où l’on peut s’en dispenser, & opposer de la résistance. Il est permis au philosophe, dans le cours d’un raisonnement, de convenir que les regles de