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Essais

heureux pour pouvoir répondre, nous devons l’obéissance au prince qui est sur le trône, & qui descend en droite ligne d’une suite d’ancêtres, qui depuis plusieurs siecles ont régné sur nous, cette réponse ne souffre point de réplique : & c’est en vain que les historiens, en remontant jusqu’à l’antiquité la plus reculée, pour y chercher l’origine de la famille royale, nous objecteroient que le pouvoir a passé dans cette famille par usurpation & par violence. Ce n’est pas que pour l’ordinaire cela ne soit vrai, mais cela ne change rien à la these. On sait de reste que la justice particuliere, ou l’abstinence du bien d’autrui est une des vertus cardinales ; mais la raison & l’examen nous apprennent que toute possession de choses durables qui passent d’un propriétaire à l’autre, comme sont les maisons & les terres, a été dans un certain tems fondée sur la fraude & sur l’injustice. Ni la vie privée, ni la vie sociale ne permettent des recherches aussi exactes : & il n’y a aucune vertu, aucun devoir, qui, étant mis au creuset de cette fausse philosophie, & de cette logique captieuse, ne s’en allât également en fumée.