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Essais

de toute soumission, & de l’obligation morale que nous y avons attachée.

Quelle nécessité y a-t-il donc à fonder le devoir de la soumission ou de l’obéissance due aux magistrats sur la fidélité à tenir sa promesse, & à supposer que c’est notre propre consentement qui nous assujettit aux loix de l’état ; pendant qu’il est évident que cette soumission & cette fidélité sont également fondées sur la considération des intérêts & des besoins de la société ? Nous devons obéir, dit-on, à notre souverain, parce que nous l’avons tacitement promis, mais pourquoi sommes-nous obligés de garder nos promesses ? Ce ne peut être que parce que le commerce avec nos semblables, dont nous retirons de si grands avantages, n’a aucune sûreté dès que l’on peut manquer à ses engagemens. Mais il est tout aussi vrai que les hommes ne pourroient vivre en société sans loix, sans magistrats & sans juges qui empêchassent le fort d’opprimer le foible, & la violence de triompher de la justice & de l’équité. Le devoir de la soumission n’ayant donc pas plus de force ni