Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 6, 1788.djvu/392

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
384
Essais

toute autorité est fondée sur un consentement ou sur une promesse.

Ce seroit en vain que l’on diroit que les gouvernemens ont, ou du moins devroient avoir pour base le consentement du peuple, autant que l’ordre des choses humaines le permet. Cela fait pour moi. Je soutiens que la nature des choses humaines n’admet jamais ce consentement, & n’en admet l’apparence que fort rarement. Je dis que les conquêtes & les usurpations, ou pour parler net, la force a produit tous les nouveaux gouvernemens qui se soient jamais formés des débris des anciens. Je dis enfin, que dans ces cas rares où le consentement semble avoir eu lieu, il a été si irrégulier, si restreint, si entremêlé de fraude ou de violence, que l’on n’y peut absolument faire aucun fonds.

Ce n’est pas que je prétende que le consentement du peuple, s’il existoit, ne fût un titre légitime au gouvernement : ce seroit sans doute le meilleur & le plus sacré de tous. Je dis seulement qu’il existe très-rarement, même dans un moindre degré qu’il n’a jamais existé en entier, & que par con-