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Moraux et Politiques

il n’a point d’autres fondemens. Tous les hommes, disent-ils, naissent libres ; sans rien devoir à aucun prince, ni à aucun gouvernement, à moins qu’ils ne soient censés s’obliger eux-mêmes, & se lier par là sanction d’une promesse. Or, comme personne ne voudroit résigner sa liberté naturelle, & s’assujettir à la volonté d’autrui, sans attendre quelque équivalent en retour de sa soumission, on ne peut supposer ici que des promesses conditionnelles, & qui ne sont obligatoires qu’autant que notre souverain nous rend bonne justice, & nous accorde de la protection. Ce sont-là des avantages qu’il nous a promis de son côté ; s’il manque de nous les procurer, il enfreint les articles du contrat, & par-là il nous dégage de toutes nos obligations. Telle est, selon ces philosophes, la source de l’autorité dans tous les gouvernemens, & tel est le droit de résistance appartenant aux sujets.

Mais que ces discoureurs ouvrent les yeux pour un moment, afin de voir ce qui se passe dans le monde. Y trouveront-ils rien qui réponde à leurs idées, rien qui serve à