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Moraux et Politiques

Dieu ne soit le premier instituteur de gouvernement. Le genre humain ne peut subsister sans gouvernement ; au-moins n’y a-t-il point de sécurité où il n’y a point de protection : il est donc indubitable que la souveraine bonté, qui veut le bien de toutes ses créatures, a voulu que les hommes fussent gouvernés : aussi le sont-ils, & l’ont-ils été dans tous les tems & dans tous les pays du monde : ce qui fait encore une preuve plus certaine des intentions de l’être tout sage, à qui aucun événement n’est caché, & à qui rien ne sauroit faire illusion. Cependant, comme Dieu n’y est point intervenu par une volonté particuliere, ou par des voies miraculeuses, & que cet établissement ne doit son origine qu’à cette influence secrete qui anime toute la nature, on ne sauroit, à proprement parler, appeller les souverains les vicaires du très-haut : ce nom ne peut leur convenir que dans le même sens qu’il convient à toute puissance, à toute force qui dérive de la divinité, & dont on pourroit dire également qu’elle a fait par sa commission. Tout ce qui arrive est compris dans