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Moraux et Politiques

VINGT-UNIÈME ESSAI.

Le Contrat Primitif.

Tous les systêmes politiques qui se forment dans le siecle où nous vivons, ont besoin de l’appui de la philosophie & de la spéculation. Aussi voyons-nous que les différens partis qui divisent cette nation, ont chacun son systême spéculatif où il se retranche, & qui lui sert à justifier son plan de conduite. Le peuple, étant peu versé dans cette architecture philosophique, & se laissant entraîner par un esprit factieux, on s’imagine bien que l’ordonnance de ses édifices ne fera pas fort réguliere, & que ces édifices porteront l’empreinte de la confusion dans laquelle ils ont été élevés.

Les uns prétendent que tout gouvernement est émané de Dieu : par-là il devient saint & inviolable : dans quelque désordre qu’il puisse tomber, c’est une pensée sacrilége que de croire qu’il soit permis de le réformer, & même d’y faire le plus léger