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Moraux et Politiques

il est bien plus difficile à une fille de se gouverner, & de dompter l’ardeur de ses désirs, que dans sa dix-sept ou dix-huitième année.

Peut-être enfin que le fait n’est pas vrai, qu’il n’est pas vrai, dis je, que l’amour de la boisson & celui du sexe soient particulierement affectés, l’un au climat septentrional, l’autre, celui du midi. Les Grecs, quoique nés dans un climat chaud, aimoient beaucoup le vin : leurs parties de plaisir se passoient à boire ; ces parties n’étoient composées que d’hommes : les femmes n’étoient jamais admises dans leur compagnie, & vivoient entiérement séparées d’eux. Lorsqu’Alexandre les mena en Perse, royaume situé sous un climat encore plus chaud que le leur, ils devinrent encore plus débauchés, en imitant les mœurs Persanes[1]. Il faut en effet que l’ivrognerie ait été de tout tems un grand titre d’honneur parmi les Persans : Cyrus le jeune, sollicitant les sobres Lacédémoniens de venir à son secours contre son frere

  1. Babylonii maximè in vinum, & quæ ebrietatem sequuntur, affusi sunt. Quint. Curt. Lib. V. Cap. I.