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Essais

sexe vers l’autre monte à un plus haut degré.

Mais ce fait ne pourroit-il pas être expliqué par des raisons morales ? Peut-être que dans le nord c’est la rareté des liqueurs qui y fait trouver tant de goût. Du tems de Diodore de Sicile[1], les Gaulois étoient de grands ivrognes, apparemment parce que le vin étoit rare parmi eux. La chaleur des climats qui sont vers le midi, obligeant les hommes & les femmes de se vêtir légérement, & de demeurer à demi-nuds, leur passion mutuelle s’augmente, & leur commerce en devient d’autant plus dangereux. De-là la jalousie des peres & des maris, & cette jalousie est une nouvelle amorce pour la passion. Pour ne pas dire que dans les pays où les femmes parviennent plutôt à la maturité, leur éducation demande plus de soin, & leur conduite plus de réserve : à douze ans

  1. Lib. V. Le même auteur dit que les Gaulois sont un peuple taciturne : cela montre encore combien le caractere national varie en divers tems. Celui de la taciturnité supposeroit un esprit peu sociable.