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Moraux et Politiques

voir par-tout, & de lui acquérir l’estime universelle. Après quoi il ne faut point s’étonner de voir que l’application se relâche : elle n’est plus assez encouragée, ces succès n’obtiennent plus les mêmes honneurs & les mêmes distinctions. Les pays, dont la grossiere ignorance est entiérement bannie, & où le savoir est trop répandu, produisent rarement de grands hommes. Il semble que dans le dialogue sur les orateurs, on pose en fait qu’il y eut plus de savans à Rome du tems de Vespasien que du tems de Cicéron & d’Auguste. Quintilien se plaint que le savoir est profané par la multitude de ceux qui s’en piquent. Autrefois, dit Juvénal, la science étoit renfermée dans les limites de la Grece & de l’Italie, aujourd’hui toute la terre veut devenir l’émule d’Athênes & de Rome. Le Gaulois enseigne l’éloquence au Breton, qui déjà compose des plaidoyers : dans l’isle de Thulé on forme le projet de prendre des rhéteurs à gage[1]. Ceci est

  1. . . . Sed cantaber unde
    Stoïcus ? antiqui præsertim ætate Metelli,