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Moraux et Politiques

Dirons-nous que le voisinage du soleil enflamme les imaginations, & exalte les

    sont toutes au-dessous de l'espece des Blancs. Il n'y eût jamais parmi elles de nation civilisée, ni de particulier qui se soit distingué, soit par ses actions, soit par ses lumières : les manufactures, les sciences et les arts n'ont jamais fleuri chez ces peuples : les Blancs les plus grossiers et les plus barbares, les Germains d'autrefois, ou les Tartares modernes les surpassent toujours, soit en valeur, soit pour la forme de leur gouvernement, soit par quelque autre avantage. Il n'est pas possible qu'une différence si constamment observée dans tant de pays, & perpétuée dans tant de générations, vienne du climat ; Elle paroît fondée sur une distinction originaire et inviolable que la nature a mise entre les especes. On voit chez nous des gens de la plus basse extraction se tirer de l'obscurité, & s’immortaliser par leurs talens : nos colonies dans les Indes sont remplies de Negres ; & il y en a par toute l’Europe, leur vit-ont jamais donner le moindre signe de génie ? On parle d'un Negre savant Dans la Jamaïque, mais il est à croire qu'on l'admire à-peu-près comme un perroquet qui articule plus distinctement que les autres*.

    * J’ai eu occasion de faire une expérience qui confirme le sentiment de M. Hume. J'ai remarqué que les jeunes Negres qui ont le plus d'esprit, & de vivacité, lorsqu'on les applique aux arts & aux sciences, y font d'abord de rapides progrès ; mais passé un certain terme, leurs idées se brouillent, & l’on prendroit en vain toutes les peines imaginables pour les pousser plus loin. Note du Traduct.