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Essais

ractere des hommes, on y dévroit observer sur tout les influences du froid & du chaud, qui sont si remarquables dans les végétaux & dans les animaux brutes. Mais en effet, n’y a t-il pas quelque raison de croire que les nations qui vivent au-delà des cercles polaires, & sous la zone torride, sont inférieures au reste de l’espece humaine, & que leur esprit ne sauroit atteindre à un certain degré de perfection ? Il se pourroit pourtant que sans recourir à des causes physiques la pauvreté, & la vie misérable des uns les retînt dans une éternelle enfance, & que l’abondance où vivent les autres, & leur peu de besoins les endormît dans une molle oisiveté. Quoi qu’il en soit, il est certain que sous les zônes tempérées les caracteres sont fort mêlés ; & que toutes les observations que l’on a prétendu fonder sur le plus ou le moins de distance où sont les peuples de ces climats du pôle arctique ou antarctique, se trouvent fausses & défectueuses[1].

  1. Je croirois volontiers que les Negres & d’autres especes humaines, car il y en a quatre ou cinq de différentes,