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Essais

nous voyons que ces circonstances influent sur les autres animaux, & que ceux même qui peuvent vivre en toutes sortes de cli-

     Voilà donc des causes morales, qui dans l’état ecclésiastique enflamment la plupart des vices attachés à la nature humaine, & quoique plusieurs individus échappent à la contagion générale, tout gouvernement sage ne sauroit assez se mettre en garde contre les attentats d’une société toujours prête à devenir faction, & qui en tant que société, sera toujours animée par l’ambition, l’orgueil, la vengeance & l’esprit persécuteur.

    Le génie de la religion est sérieux & grave ; & c’est-là le caractere qu’on exige des prêtres, caractere qui les astreint à la décence la plus exacte, & pour l’ordinaire les preserve de l’intempérance & de l’irrégularité de conduite. La gaîté, & à plus forte raison les plaisirs excessifs, sont défendus aux ecclésiastiques, & c’est peut-être la seule vertu dont ils soient redevables à leur état. Il est vrai encore que dans les religions fondées sur des principes spéculatifs, & où les discours publics font partie du service, on peut supposer que le clergé doit être savant ; cependant il est certain qu’il aura toujours plus de goût pour l’éloquence, que de pénétration en fait de raisonnement & de philosophie. Mais les ecclésiastiques, en qui l’on remarque les autres belles vertus, l’humanité, la douceur, la modération, comme il y en a un très-grand nombre, ne doivent assurément pas ces vertus à l’esprit de leur vocation, mais uniquement à leur heureux naturel & à de sages réflexions.