Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 6, 1788.djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
27
Moraux et Politiques

tardemens n’étoient point du goût du vice qui n’aime ni les difficultés, ni les délais, & qui n’est satisfait que lorsqu’il a pleine carrière, & qu’il peut suivre librement ses inclinations. Il savoit bien que, quoique la folie prêtât l’oreille à la défiance, elle seroit aisée à gouverner lorsqu’elle seroit seule ; c’est pourquoi ainsi qu’un cheval rétif jette loin son cavalier, il se débarrassa brusquement de ce contrôleur de tous ses plaisirs, & continua son voyage avec la folie, à laquelle il demeura toujours inviolablement attaché.

La confiance & la défiance, ainsi éloignées de leurs compagnes, errèrent pendant quelque tems, jusqu’à ce que le hasard les conduisît toutes deux au même village. La confiance prit d’abord le chemin du château qui appartenoit à la richesse, dame du lieu ; & sans attendre le portier, elle s’introduisit elle-même jusques dans le cabinet le plus reculé, où elle trouva le vice & la folie qui avoient été fort bien reçus avant elle ; elle se joignit à eux, & gagna en peu de tems les bonnes graces de son hôtesse. Sa familiarité