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Essais

Quant aux causes physiques, je doute absolument de leur influence, & je ne pense pas que ni l’air, ni la nourriture, ni le cli-

    Si par hasard il se trouve un ecclésiastique dont l’esprit soit susceptible d’une dévotion extraordinaire, en sorte qu’il ne lui en coûte pas beaucoup d’hypocrifie pour se maintenir dans le caractere de son état ; il lui est si naturel d’estimer cet avantage plus qu’il ne vaut, de croire même qu’il compense le défaut des mœurs, que souvent il n’est pas plus vertueux que les hypocrites. Quoiqu’il n’y en ait gueres qui osent professer tout haut cette opinion si décriée. Que tout est permis aux saints, & qu’il n’y a qu’eux qui possedent leurs biens en propre, on s’apperçoit pourtant que ce principe gît dans leur cœur, lorsqu’on leur voit représenter le zele pour les observances religieuses, comme assez méritoire pour expier les vices les plus énorme. Cela est si bien connu, que toute dévotion outrée devient suspecte aux personnes de bon sens ; quoiqu’en même tems il faille convenir que cette regle souffre beaucoup d’exceptions, & que la superstition même n’est pas tout-à-fait incompatible avec la probité.

    Les hommes sont ambitieux ; mais leur ambition, pour l’ordinaire consiste à vouloir exceller dans la profession qu’ils ont embrassée, & par-là se rendre utiles à la société : au-lieu que celle du clergé souvent ne se nourrit que d’ignorance, de superstition, de foi implicite & de fraude pieuse. Ayant trouvé ce qui manquoit à Archimede, je veux dire un autre monde où l’on puisse affermir des machines, est-il surprenant qu’il remue celui-ci à son gré.