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Essais

des ennemis publics, il est sincere, honnête, sans intrigues : enfin, comme il travaille plus de corps que de l’esprit, il ne réfléchit gueres, & les connoissances ne sont pas son fait[1].

Il y a du vrai dans le proverbe qui dit que le clergé de toutes les religions, se ressemble. Quoique le catactere de la profession ne domine pas toujours sur le caractere personnel, cela arrive pourtant plus souvent. On observe en chymie que les esprits extraits de toutes sortes de corps sont les mêmes, lorsqu’ils sont sublimés à un certain point. C’est aussi que ces hommes, qui s’élèvent au-dessus de l’humanité, acquierent un ca-

  1. C'est une sentence de Méandre : Κομψὸς στρατιώτης, ἐυδ’ ἂν ἔι πλάττη θεὸς ϰουδὲες γενοιτ’ ἂν. Il n’est pas même au pouvoir d’un Dieu de rendre un militaire poli. Men. : apud Stobæum. On observe aujourd’hui précisement le contraire. Cela me fait croire que les anciens devoient toute leur politesse aux livres & à l’étude, pour laquelle en effet la vie militaire n’est pas fort propre : le monde & la société, voilà sa sphere ; & si l’on peut y acquérir de la politesse, ce sont les militaires sans doute qui doivent en être les mieux partagés.