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Essais

premiers sont les plus beaux les plus attrayans, on peut, en toute sûreté, donner la préférence à un style trop simple sur un style trop orné.

On peut encore observer que les écrits qu’on relit le plus souvent, & que tout le monde apprend par coeur, sont ceux qui se recommandent par leur simplicité, & qui, dépouillés de l’élégance du tour & de l’harmonie des nombres dont ils étoient revêtus, ne présentent aucune pensée extraordinaire à l’esprit. Les ouvrages, dont tout le mérite consiste en des traits spirituels, peuvent d’abord nous frapper, mais à une seconde lecture ils ne nous affectent plus, parce que nous anticipons les pensées qu’ils renferment. Lorsque je lis une épigramme de Martial, la premiere ligne me rappelle tout ce qu’elle contient, & je ne trouve point de plaisir à répéter ce que je sais d’avance : au-lieu que dans Catulle chaque ligne ayant son prix, je la reverrai toujours sans me lasser. Il me suffit d’avoir une fois parcouru Cowley ; mais Parnet, à la cinquantième lecture, me paroit aussi nouveau qu’à la premiere. D’ailleurs