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Essais

que est surchargée, & perd la beauté de tout par une attention trop minutieuse aux parties, l’ame se sent fatiguée & révoltée à la lecture d’un ouvrage surchargé d’esprit, qui trahit une affectation constante de briller & de surprendre. Un écrivain qui met de l’esprit par-tout, est sûr de déplaire, quand même cet esprit seroit juste & agréable en lui-même. Mais il arrive, pour l’ordinaire, à ces sortes d’écrivains, d’employer leurs fleurs favorites lors même que le sujet répugne, & de noyer une pensée qui est véritablement belle dans une vingtaine de concetti insipides.

La critique n’a point de sujet plus riche que celui qui regarde le juste mélange du style simple avec le style orné. Pour ne m’égarer point dans un champ trop vaste, je me borne à quelques réflexions générales.

J’observe d’abord que quoiqu’il faille également éviter les excès dans ces deux genres, & tâcher d’atteindre un juste milieu, ce milieu cependant n’est pas un point ; mais admet une grande latitude. Que l’on considere la distance qu’il y a, à cet égard, entre M. Pope