Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 6, 1788.djvu/332

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
324
Essais

prime[1] sera doublement ruineux pour le ménage, & l’amour-propre du mari, soutenu de plus de pouvoir, aura des suites encore plus funestes.

Ceux à qui ces raisons ne suffisent pas, ne rejeteront pas au moins le témoignage de l’expérience. Du tems que les divorces étoient le plus en vogue chez les Romains, les mariages étoient rares, au point qu’Auguste se vit obligé de forcer les gens de façon à se marier, circonstance dont on trouvera peu d’exemples en d’autres tems & chez d’autres nations. Denis d’Halicarnasse donne de grands éloges à ces loix plus anciennes de Rome, qui interdisoient les divorces. Il régnoit, dit cet historien, une harmonie admirable entre les époux, produite par l’union inséparable des intérêts : considérant la nécessité inévitable qui les lioit, ils abandonnoient toutes les vues étrangeres à cet établissement.

L’exclusion de la polygamie & du divorce fait suffisamment connoître l’utilité des maximes de l’Europe, par rapport aux mariages.

  1. The Little pils’ring temper of a wife.