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Moraux et Politiques

vent moins de difficulté à soutenir l’intérêt pendant des années qui se passent en froissemens, en dedains & en traverses, que durant une semaine de jouissance & de sécurité. Ne craignons donc point de trop serrer le nœud du mariage. Si l’amitié des époux est solide & sincere, elle ne peut qu’y gagner ; & si elle est incertaine & chancelante, c’est le meilleur moyen de la fixer. Il ne faut qu’une prudence médiocre pour oublier je ne sais combien de querelles & de dégoût frivoles, lorsque l’on se voit obligé de passer la vie ensemble : au-lieu qu’on les pousseroit aux dernieres extrémités, & qu’il en naîtroit des haines mortelles, si l’on étoit libre de se séparer.

En troisieme lieu, il faut considérer que rien n’est plus dangereux que de confondre les intérêts de deux personnes, sans rendre leur union complette. Dès qu’il y a la moindre apparence, la moindre possibilité d’un intérêt séparé, il en naîtra des disputes & des jalousies éternelles : ce petit esprit voleur des femmes, comme le docteur Parnel s’ex-