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Essais

Premiérement. Lorsque les parens se séparent, que deviendront les enfans ? Faudra-t-il les abandonner aux soins d’une belle-mere, & au-lieu des tendresses maternelles, leur faire essuyer toute la haine d’une étrangère, toute la haine d’une ennemie ? Ces inconvéniens se font assez sentir lorsque la nature elle-même fait le divorce par le coup inévitable à tout ce qui est mortel ; & faudrat-il chercher à les multiplier en multipliant les divorces ? & faudra-t-il laisser au caprice des parens le pouvoir de rendre leur postérité malheureuse ?

En second lieu, quoique le cœur humain aime naturellement la liberté, & haïsse tout ce à quoi l’on veut le forcer, il lui est pourtant tout aussi naturel de se soumettre à la nécessité, & de perdre les inclinations auxquelles il voit qu’il lui est impossible de satisfaire. Vous attribuez, me direz-vous, à la nature humaine deux principes qui se contredisent ; mais l’homme est-il autre chose qu’un amas de contradictions ? Cependant il est remarquable que deux principes, qui produisent deux effets contraires, ne s’en-