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Moraux et Politiques

de maintenir par force une union que l’amour avoit d’abord formé, mais que la haine dissout.

La permission du divorce, non-seulement est un remede contre les animosités & les querelles domestiques, mais encore un excellent préservatif qui les empêche de naître, & l’unique moyen d’entretenir l’amour qui a commencé l’union. Le cœur humain aime la liberté, l’idée de la contrainte lui répugne déja : le choix qu’il auroit fait de lui-même, il ne se le laisse pas extorquer : dès qu’on use de violence, l’inclination s’évanouit, & le désir se change en aversion. Si l’intérêt public ne vous permet pas de nous accorder la polygamie, & cette agréable variété dont elle assaisonne l’amour, au-moins ne nous ôtez pas une liberté qui nous est si nécessaire. En vain vous me dites que j’étois libre de choisir la personne avec laquelle je voulois passer ma vie : il est vrai que je pouvois choisir ma prison, triste consolation ! en est-elle moins prison pour cela.

Tels sont les argumens qui militent pour le divorce, mais il y a contre-eux trois objections, qui me paroissent sans réplique.