Il y a pourtant une partie de l’honneur moderne qui est, en même tems, une partie essentielle de la morale : elle consiste dans l’exactitude à tenir ses promesses, & à dire toujours la vérité. C’est ce point d’honneur que monsieur Addisson a en vue, lorsqu’il fait dire à Juba : l’honneur est un lien sacré, la loi inviolable des monarques, la perfection qui caractérise les grandes ames : par tout où il se rencontre avec la vertu, il l’éleve & la fortifie : il l’imite où elle n’est pas : il ne faut pas se jouer de l’honneur [1]. Quoique ces vers soient d’une extrême beauté, je crains que monsieur Addisson ne soit tombé ici dans cette impropriété de sentiment qu’il reproche souvent, avec tant de raison, à nos poëtes. Assurément les anciens ne connoissoient pas cet honneur qui differe de la vertu.
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Honours’s a sacred tye, the law of Kings,
The noble mind’s distinguishing perfection,
That aids and strengthens virtue, where it meets her,
And imitates her actions where she is not :
It ought not to be sported with.