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Moraux et Politiques

arts & des sciences ne sauroit se développer dans un état despotique.

Dans l’ordre des choses, les loix marchent nécessairement avant les sciences. Dans les républiques cet ordre peut avoir lieu, parce que la constitution même de ces états exige des loix, au lieu que cet ordre n’est point affecté aux monarchies, & que les loix n’y peuvent point précéder les sciences. Sous un prince absolu, plongé dans la barbarie, tous les ministres, tous les magistrats sont aussi absolus que lui-même, & il n’en faut pas d’avantage pour étouffer à jamais l’industrie, la curiosité & la science.

Si je dis que le manque de loix, & la délégation du plein pouvoir aux magistrats subalternes sont les principales causes qui empêchent les beaux-arts d’éclorre dans les états despotiques, ce n’est pas que je prétende que ce soient les seules. Il est certain, que les états populaires sont naturellement, le champ le plus propre pour l’éloquence : il est certain encore que dans tous les genres l’émulation y est plus vive & plus animée enfin ces états ouvrent au génie & aux ta-