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Moraux et Politiques

de sympathie, dans l’esprit de ceux qui l’écoutent ; & d’un autre côté la seule vue d’une assemblée nombreuse, attentive au discours que l’orateur prononce, éleve son ton à la hauteur nécessaire, pour rendre avec vérité les figures les plus hardies, & les expressions les plus fortes.

Il existe, je l’avoue, un préjugé contre ces oraisons préméditées. Un homme qui, sans faire attention à ce qui se dit durant la discussion d’une affaire, ne fait que réciter son discours comme un écolier répete sa leçon aura bien de la peine à se sauver du ridicule. Mais ne sauroit-on se garantir de cet inconvénient ? Celui qui parle en public doit sans doute être instruit du sujet sur lequel on délibére : il peut donc préparer d’avance ses argumens, ses objections, ses répliques, & les arranger dans l’ordre qui lui paroît le plus convenable[1]. Se présente-

  1. Périclès, homme rompu dans les affaires, & homme sensé s’il en fut jamais, est le premier des Athéniens qui ait travaillé & couché par écrit ses harangues : πρῶτος γραπτὸν λόγον ἔν διϰασθρίῳ εἶπε, τῶν πρὸ αὐτοῦ σχέσιαζόντων.