Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 6, 1788.djvu/235

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
227
Moraux et Politiques

de la scerre jouit, d’un gouvernement libre, qui sembleroit devoir ouvrir la plus belle carrière à l’exercice de ce noble talent. Et malgré tous ces avantages, nos progrès dans l’éloquence ne sont rien en comparaison de ceux que nous avons faits dans les autres branches des connoissances humaines.

Dirons-nous que le ton où l’éloquence ancienne étoit montée, n’est point sortable à notre âge, & que les orateurs modernes ne sauroient le copier ? Comment le prouver ? De toutes les raisons qu’on produit, je suis persuadé qu’il n’y en a aucune qui puisse soutenir l’examen.

Premiérement, on peut dire que du tems que les lettres fleurissoient chez les Grecs & chez les Romains, n’y ayant que peu de loix municipales, & ces loix étant fort simples, la décision des causes dépendoit presque entiérement du bon sens & de l’équité des juges. Alors l’étude des loix n’étoit pas une occupation laborieuse, elle ne prenoit pas la vie entiere de l’homme, il ne falloit pas des travaux de forçât pour la finir : enfin elle n’étoit point comme aujourd’hui