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Essais

tout le royaume. Or je suppose qu’il s’élevât un roi ou un ministre qui eût assez de discernement pour connoître ses avantages & le bien public, assez de pouvoir & de courage pour enfreindre de vieilles coutumes, & pour remédier à ces abus, en ce cas, dis-je, la différence qu’il y a entre le gouvernement absolu de la France & notre gouvernement libre, ne paroîtroit plus si grande.

La source de corruption, observable dans les états libres, consiste dans l’usage de contracter des dettes, & d’hypothéquer les revenus de la nation. Par-là les taxes deviendront un jour tout-à-fait insupportables, & toute la propriété de l’état passera entre les mains des particuliers. Cette pratique est de fort nouvelle date. Les Athéniens, quoique républicains, payoient près de deux cents pour cent des sommes, qu’une nécessité pressante les obligeoit d’emprunter comme on peut le voir dans Xénophon[1]. Parmi les

  1. Κτῆσιν δὲ ἀπ' ὀυδενὸς ἀν ὅυτος ϰαλὴν ϰτήσαιντο, ὠσπερ ἀφοὖ ἀν προτελέσωσιν εἰς τήν ἄφο μὴν. οἱ δὲ γε πλεῖστοι Ἀθηναὶων