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Moraux et Politiques

plus parfait modele d’une pure monarchie, les plus grands abus ne naissent pas du nombre des impôts ni de leur grandeur, ces deux articles ne sont point si excessifs, si on les compare à ce qui se pratique à cet égard dans les contrées libres. Ces abus résultent uniquement de la méthode dont on se sert pour lever les impôts ; méthode coûteuse, inégale, arbitraire, qui décourage les pauvres, les paysans sur-tout & les fermiers, qui arrête l’industrie, qui fait de l’agriculture une occupation de mendians & d’esclaves. Mais qui est-ce qui retire de l’avantage de ces abus ? Si c’étoit la noblesse, on pourroit les regarder comme essentiels au gouvernement, & par conséquent comme incorrigibles ; l’intérêt de la noblesse, qui est le vrai soutien de la monarchie, devant naturellement prévaloir sur celui du peuple. Mais c’est tout le contraire : ce sont précisément les nobles qui perdent le plus par ces vexations ? Leurs terres se ruinent, & leurs fermiers sont réduits à la besace. Les seuls qui y gagnent, ce sont les financiers, race également méprisée & haïe de la noblesse & de