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Essais

de tyrans. On n’en trouve pas un seul parmi eux, pas même Philippe II. d’Espagne, qu’on puisse comparer en méchanceté à un Tibère, à un Caligula, à un Néron, à un Domitien, qui sont déjà quatre des douze premiers empereurs de Rome. Mais quoique le gouvernement monarchique se soit rapproché du gouvernement populaire, il faut pourtant convenir qu’il ne l’égale pas encore ni pour la douceur ni pour la stabilité. Notre éducation & nos mœurs modernes inspirent une humanité & une modération peu connues des anciens, & avec tout cela n’a pu surmonter tous les désavantages attachés à la forme monarchique.

Ici je dois demander qu’on me passe une conjecture, que je trouve très-probable, mais dont la postérité seule est en droit de bien juger.

Je crois appercevoir dans les gouvernemens monarchiques une source d’amélioration, & dans les gouvernemens libres une source de détérioration, qui avec le tems rapprocheront d’avantage ces deux sortes de gouvernemens, l’ans la France, qui est le