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Moraux et Politiques

fréquens tumultes, excités par un tribun séditieux, devoient avoir assez aguerris, & assez familiarisés avec les dangers.

Mais de tous les-genres de gouvernement, le genre monarchique me paroît celui qui a fait les plus grands progrès : on peut appliquer aujourd’hui aux monarchies civilisées ce qu’on disoit autrefois à la louange des républiques, qu’elles ne sont pas gouvernées par les hommes, mais par les loix.

En effet on est surpris de voir l’ordre & la régularité dont elles sont susceptibles, & la consistance que l’on a su leur donner. Chacun y jouit en assurance de ce qui lui appartient, l’industrie est encouragée, les arts fleurissent : le souverain vit parmi ses sujets comme un pere au milieu de ses enfans. Il y a peut-être en Europe environ deux cents princes absolus en les y comprenant tous, les petits aussi-bien que les grands & depuis deux siecles ce nombre est le même. De sorte que si l’un portant l’autre on compte vingt ans pour chaque regne, on trouve cet intervalle rempli en tout par deux mille de ces monarques à qui les Grecs auroient donné le nom