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Moraux et Politiques

rience ne s’étend pas au-delà de trois mille ans, ainsi non-seulement la logique de cette science est défectueuse comme celle de toutes les autres ; nous n’avons pas même assez de ces matériaux dont nous devrions faire usage dans nos raisonnemens. Nous ignorons jusqu’à quel degré précis la nature humaine peut rafiner sur les vertus & sur les vices, & ce qu’elle pourroit devenir si l’éducation, les coutumes & les principes venoient à subir quelque grande révolution.

Machiavel étoit sans contredit un génie supérieur ; mais ayant borné ses recherches à ces gouvernemens furieux & tyranniques, dont l’histoire ancienne nous a conservé le souvenir, & à ces petites principautés d’Italie, qui étoient des scenes de désordre, ses raisonnemens sont très-fautifs, ceux sur-tout qu’il a faits sur les états monarchiques.

À peine trouve-t-on, dans son prince, une maxime que l’expérience des tems posterieurs n’ait démentie. Il est impossible, dit-il, qu’un prince foible reçoive un bon conseil. S’il consulte plusieurs personnes, il n’a point les