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Moraux et Politiques

ils ont été représentés comme étant pleins de vaine gloire, & n’ayant d’autre vue dans la pratique de la vertu que de s’attirer des applaudissemens. Mais ce raisonnement est encore faux, & c’est une extrême injustice aux hommes de rabaisser une action louable, parce qu’ils y trouvent un mélange de vanité, & de l’attribuer, sans autre examen, à ce seul motif. Il n’en est pas de la vanité comme des autres passions ; lorsque l’avarice ou la vengeance ont part dans une action vertueuse en apparence, il nous est difficile de déterminer jusqu’à quel point ces deux passions y entrent, & il est assez naturel de supposer qu’elles en sont le seul principe. Mais la vanité est alliée de si près à la vertu, & l’amour de la gloire attaché aux actions vertueuses ressemble si fort à l’amour dont ces actions elles-mêmes sont l’unique objet, que ces passions plus qu’aucune autre sont susceptibles d’alliage, & qu’il est presque impossible d’avoir la derniere sans quelque teinture de la premiere. Aussi voyons-nous que l’amour de la gloire se plie ordinaire-