Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 6, 1788.djvu/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
193
Moraux et Politiques

d’une entiere perfection, & même de ses propres idées de perfection, que les animaux ne le sont de l’homme ; mais cette derniere différence est cependant encore si considérable, qu’il n’y a qu’une comparaison avec la premiere qui puisse la faire paroître de peu d’importance.

Il nous arrive assez souvent de comparer les hommes entr’eux ; & comme il en est peu que nous puissions à juste titre qualifier de sages ou de vertueux, nous prenons ordinairement une idée désavantageuse de toute l’espece en général. Pour bien sentir la fausseté de ce raisonnement, il faut remarquer que ces qualifications de sage & de vertueux, ne sont attachées à aucun degré particulier de sagesse & de vertu, mais naissent de la comparaison que nous faisons d’un homme à un autre. Un homme est appellé sage lorsqu’il est parvenu à un degré de sagesse supérieur, & auquel il n’est pas ordinaire d’arriver. Ainsi de dire qu’il y a peu d’hommes sages dans le monde, c’est en effet ne rien dire du tout, puisque ce n’est que par leur rareté qu’ils méritent ce titre.