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Essais

que entre ceux qui gouvernent & ceux qui sont gouvernés. De cette façon on voit régner une espece de liberté dans les états monarchiques, & une espece de pouvoir arbitraire dans les états républicains.

Je vais prouver ma seconde these : c’est-à-dire, que les formes moyennes de gouvernement, pour peu qu’elles different ; produisent les effets les plus opposés ; qu’un mélange de monarchie & de république, rend toujours la sujétion plus ou moins grande, & la domination plus ou moins pesante. Je produirai d’abord une remarque de Tacite concernant les Romains qui vivoient du tems des empereurs[1]. Ils ne s’accommodent, dit-il, ni d’une entiere liberté, ni d’un entier esclavage. Un poëte célebre applique cette même pensée à la nation angloise, dans ce beau tableau qu’il trace du regne d’Elizabeth.

… elle, dont la puissance

De l’Europe, à son choix, fit pencher la balance,

  1. Nec totam libertatem, nec totam servitutem pari possunt.