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Moraux et Politiques

l’avenir pour y voir l’influence que ses actions auront sur la postérité, & le jugement qui en sera porté dans mille ans d’ici ; une créature qui remonte des effets aux causes, quelque éloignées & quelque compliquées qu’elles puissent être, qui des phénomenes particuliers tire des principes généraux, profite de ses découvertes, corrige ses méprises, & fait servir ses erreurs même à son avantage. De l’autre côté nous voyons une créature qui est précisément le contraire, bornée dans ses observations & dans ses raisonnemens au peu d’objets sensibles qui l’environnent, sans curiosité, sans prévoyance, aveuglément conduite par l’instinct, & arrivant dans un très-court espace de tems au dernier degré de perfection dont elle soit susceptible, au-delà duquel elle ne sauroit jamais avancer d’un seul pas. Quelle immense différence n’y a t-il pas entre ces deux especes d’êtres, & comment ne concevrions-nous pas la plus haute idée de l’un en la comparant avec l’autre ?

Il y a deux moyens que l’on emploie communément pour détruire cette conséquence ;