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Moraux et Politiques

l’homme ne l’emporte en rien sur les autres animaux, pour lesquels il affecte tant de mépris, si ce n’est par sa vanité & par son orgueil.

Un auteur qui possede le talent de la déclamation prend ordinairement parti dans la premiere de ces deux classes, celui que son tour d’esprit porte à l’ironie & à la satire se range plus naturellement dans la seconde.

Je suis très-éloigné de croire que tous ceux qui ont avili la nature humaine, aient été ennemis de la vertu, & qu’ils aient exposé les foiblesses de leurs semblables avec une mauvaise intention. Au contraire, je suis convaincu qu’un sentiment de vertu fort délicat, sur-tout lorsqu’il est accompagné d’une certaine dose de misantropie, est sujet à inspirer à l’homme ce dégoût du monde, & à lui faire envisager le train ordinaire de la vie avec trop de bile & d’indignation.

Je dois cependant convenir que les sentimens de ceux qui pensent avantageusement de la nature humaine sont infiniment plus favorables à la vertu, que ne le sont les prin-